NOTRE HISTOIRE
DES ORIGINES A L'EPOQUE MEROVINGIENNE
Gamaches serait un nom d'origine celtique. Dès le XIIème siècle on le rencontre écrit sous la forme plurielle "Gamachez". D'autres sources indiquent que le nom pourrait venir d'un vieux mot haut-allemand "Gamahcho", qui signifie association.
Traces du théâtre romain vu d'avion
Ce qui est certain, c'est que le village de Gamaches remonte à la haute antiquité. Vu du ciel, des traces d'une villa romaine et d'un théâtre sont encore visibles sur la route de Sainte-Marie de Vatimesnil, au niveau du carrefour de la grande allée couverte. On y distingue nettement les gradins en demi-cercle (la caeva) et les installations du côté du mur de scène rectiligne. Deux avancées aux angles devaient contribuer à donner une allure monumentale à la façade. A proximité, un bâtiment précédé d'une vaste cour à portique pourrait correspondre à des thermes publics.
Saint Eloi
Pepin de Heristal
La paroisse, dédiée à la Vierge, remonte au temps des mérovingiens. A la fin du VIIème siècle, un chevalier nommé Fraerie, donne plusieurs terres à son monastère de Fleury qu'il vient de fonder, et dont une s'appelait "Gamaffium". Quelques années plus tard, Fraerie céda son hospice de Fleury à Pépin d'Heristal, qui agrandit les bâtiments et fonde une abbaye qu'il soumit à l'abbaye de Saint-Wandrille.
D'après la tradition, Saint Eloi (588-660), ministre de Dagobert, aurait guéri un paralytique sous le porche de l'église de Gamaches, alors qu'il se rendait à Etrépagny, auprès du roi Dagobert qui y possédait un château. Un vitrail de l'église actuelle retrace cet épisode, et une rue du village porte aujourd'hui son nom. Au début du XIIIème siècle, une partie de Gamaches relève d'Ecouis, et une autre de Bézu.
Certaines sources prétendent que Gamaches s'appelait primitivement "Saint-Ouen" (voir § Famille "de Gamaches") : "…cette même année (1218), par acte du 4 février, Mathieu de Gamaches céda à sa cousine Aénor de St Valery, devenue comtesse de Dreux, sa part de la seigneurerie de Gamaches, et en reçut en échange, St Owen en Vexin normand, auquel il donna le nom de Gamaches…". Les historiens ne sont pas tous d'accord et certains assurent que cette assertion n'est pas vérifiée par les faits.
LE CHATEAU DE GAMACHES
En 911, pour mettre fin aux exactions et pillages des vikings, un traité est conclu à Saint Clair-sur-Epte entre Charles le simple, roi des francs, et Rollon, un chef viking.
Ce traité permet l'établissement des normands entre l'Epte et la mer, à condition qu'ils protègent le royaume de Charles III de toute nouvelle invasion des "hommes du nord".
Les vikings mettent en place un état puissant et prospère, puis en 1066, Guillaume le Conquérant, descendant direct de Rollon, s'empare du royaume d'Angleterre.
Les rois de France et d'Angleterre vont dorénavant se protéger de leurs menaces respectives et construisent de chaque côté de l'Epte des lignes de fortification composées de châteaux forts :
18 châteaux normands font face à 12 châteaux français.
Du côté normand, le point fort est Gisors, réputé imprenable. Une seconde ligne barre la plaine du Vexin, avec un point important : le château de Gamaches. Une troisième ligne se trouve sur l'Andelle.
Le château de Gamaches dont il existe encore des vestiges et des souterrains, est l'un des points les plus importants de la plaine du Vexin normand au XIIème siècle. La forteresse se situe dans la côte qui mène à l'actuel cimetière, et son plan ressemble à celui de Château-Gaillard. Bien que les premiers seigneurs de Gamaches soient mentionnés dès le XIème siècle, le château n'apparaît dans les textes qu'en 1195. La légende dit que des souterrains allaient jusqu'à la Bonde pour permettre aux chevaux d'aller boire.
En 1195, Richard Cœur de Lion prend la forteresse de Gamaches à Philippe Auguste pendant que ce dernier s'empare de Nonancourt.
Parmi les châteaux normands, Gamaches sert de base de concentration et de départ à l'armée de Richard Coeur de lion, dont le but est de reconquérir Gisors, et pour cela, il fait agrandir et renforcer le château de Gamaches. Philippe Auguste a connaissance de l'offensive pour reprendre Gisors, et un terrible affrontement a lieu dans la plaine de Gamaches où les français sont battus : c'est la bataille de Gamaches.
En 1204, le roi de France Philippe Auguste conquiert la Normandie qui rejoint ainsi la couronne de France. Pendant la guerre de cent ans, le château de Gamaches joue un rôle décisif en tenant un siège mémorable (1419-1422) alors que Gisors est déjà tombé aux mains des anglais depuis trois ans.
LA FAMILLE DE GAMACHES
La famille "de Gamaches", originaire de Picardie donne naissance à un grand nombre de personnages de première importance. Elle descend du comte de Ponthieu qui avait épousé Gisèle, fille de Hugues Capet (941-996). En 1141, Alfred, seigneur de Gamaches fait don de l’église Saint Aubin d’Ecouis à l’abbaye du Bec (Enguerrand de Marigny la fera démolir en 1310, pour construire l'actuelle collégiale).
Lors de la reconquête de la Normandie par Philippe Auguste en 1206, les seigneurs du Vexin prêtent hommage au Roi. Godefroy de Gamaches est alors à la tête de 50 chevaliers et 1000 vassaux.
Les rois de France acquièrent la Normandie par le traité de 1218. Mathieu de Gamaches en est l’un des garants. Il vient d’acquérir la terre de Saint-Ouen dans le Vexin en échange de ses terres de Picardie : il lui donne le nom de « Gamaches ». Puis il passe en Angleterre rejoindre le roi Henri, fait la conquête du Pays de Galles, puis pacifie l’Irlande.
Ce même Mathieu, revenu des croisades en 1205, est également Seigneur de Bonnemare (dont il reste aujourd'hui un château). C'est la raison pour laquelle, il donne ce nom de Bonnemare à une partie de son domaine de Gamaches, dont la ferme Quillet porte encore aujourd'hui le nom.
Guillaume de Gamaches
Guillaume de Gamaches, surnommé "le preux chevalier" fut un grand seigneur. En 1415, il combat avec panache à la bataille d'Azincourt. En 1418, il rentre par surprise dans Compiègne, alors aux mains des ducs de Bourgogne, puis s’empare de Soissons. Lorsque le Dauphin, futur Charles VII, fait assassiner Jean sans Peur, duc de Bourgogne, le 10 septembre 1419 à Montereau, Guillaume de Gamaches refuse de participer au meurtre : « Je suis guerrier et non pas assassin, je ne combats mes ennemis que lorsqu’ils sont armés ».
En 1420, Guillaume prend Paris et son frère Philippe, abbé de Saint-Denis, l’aide à la prise de l'abbaye. En 1436, ils sont tous les deux au siège de Gisors, puis renoncent et partent assiéger Soissons et Montereau. En 1441, ils attaquent et emportent d’assaut le château de Pontoise, place d’armes des anglais.
Le roi Charles VII le fera chevalier de son ordre de Porte-Epée, et le roi de Sicile, chevalier de son ordre du Croissant. En 1461, il revient à la cour où il sera chargé d'annoncer au Dauphin, le futur Louis XI, son avènement au trône. En 1408, Rosay sur Lieure devient l’une des possessions de Guillaume II, mais insatisfait de ses droits de succession, il se donne avec ses frères Jean, Pierre, Philippe et Gilles au roi de France. A cette époque les alliances étaient de circonstance, et des seigneurs voisins pouvaient combattre dans des partis différents. Le sire de Grainville par exemple, attaché aux anglais, sera pris par Gamaches puis libéré contre rançon.
Jean de Gamaches
Jean de Gamaches, fils de Guillaume s’illustre au combat, aux côtés de Charles VII qui a décidé en 1448 de reprendre la Normandie. Il combat à Orléans au côté de Jeanne d'Arc, mais il fut l'un des plus réticents à être mené par une femme. C'est au conseil de guerre du 30 avril, alors que Jeanne, préconisait l'attaque directe des bastilles anglaises, qu'il s'opposa violemment à la Pucelle : "Puisqu'il vous plait de préférer l'avis d'une péronnelle à celui d'un chevalier tel que moi, je défais ma bannière* et ne suis plus qu'un pauvre écuyer !" Le Bâtard d'Orléans tenta de les réconcilier et l'irascible capitaine accepta de l'embrasser. Mais c'est surtout devant sa bravoure à l'assaut des Tourelles que Jean de Gamaches se repentit et lui dit :"Plus de rancoeur, j'avoue mon tort quand j'ai mal présumé de vous.
Armoiries de Jean de Gamaches
Blanche de Gamaches
Tous ces faits témoignent de la grandeur de la maison de Gamaches. D'autres "Gamaches" marqueront leur époque et entreront dans l'histoire. On en trouve encore aujourd'hui des traces dans toute la France, au détour d'un château, d'un manoir ou d'une pierre tombale. Non loin d'ici, dans la collégiale d'Ecouis repose Blanche de Gamaches. Sur la dalle funéraire en marbre de 1479, on peut lire : "Cy gist noble dame Madame Blanche de Gamaches, dame de Chatillon et de Gamaches, veuve de feu messire de Chatillon sur Marne laquelle trepassa l'an mil quatre cens / LXXIX le XXIII jour de may".
Tombeau de Blanche de Gamaches dans la Collégiale d'Ecouis
Gravure exécutée en 1837 par Masquelier
Sur la gravure, de gauche à droite :
- Un homme et une femme à genoux
- Alips de Mons (2ème femme d'Enguerrand de Marigny)
- Blanche de Gamaches
DU XVIè SIECLE A NOS JOURS
Au XVIème siècle, Gamaches est le siège d'un doyenné qui compte 48 clochers et dépend du diocèse de Rouen. Parmi les fiefs qui s'étendent sur le territoire de Gamaches, se trouvent les fiefs d'Auricher et de Bonnemare qui, en 1558, appartient au Vicomte d'Evreux, Seigneur de Gamaches, d'Auricher et de Bonnemare. Comme souvent à cette époque, Gamaches possède sa maladrerie (léproserie), dont les biens sont unis en 1695 à l'hôpital royal des Andelis, et dont la chapelle a été détruite à la fin du XIXème siècle. Cette maladrerie se situait à l'emplacement du presbytère actuel. La période révolutionnaire donne l'occasion à Gamaches de fournir plusieurs commis importants à l'état :
Simon-Robert de Chailly et Jacques Arnoult
Né le 17 février 1729 à Gamaches Simon-Robert de Chailly symbolise l'ascension lente et continue des puissants laboureurs du Vexin qu'il représente.
Il exploite le fief de Chailly qu'il a acquis en 1771 d'Adrien Louis Lefebvre, conseiller au parlement de Paris, seigneur d'Amécourt. Son autorité s'étend sur cinq ou six paroisses du baillage et sa notoriété est grande bien au delà de Gamaches. Il est donc naturellement élu par le grand baillage de Rouen, comme député aux états généraux.
Jacques Arnoult, est lui aussi laboureur, certes moins important que Lefebvre. Il a été désigné pour participer à la rédaction du cahier de doléances et il est député comme Lefebvre de Chailly, bien que ne siégeant pas aux états généraux.
Famille Doré
Dans la lignée de Jacques Arnoult, la famille Doré marquera la vie de Gamaches pendant des décennies, tant sur le plan agricole que sur le plan communal (elle donnera notamment plusieurs maires à Gamaches).
En effet, au milieu du XVIIIème siècle, Gustave Doré cultive les quatre fermes de Gamaches, soit 517 hectares de labour, 102 hectares de prairies et 31 hectares de bois. Il est également à la tête d'un cheptel de plusieurs centaines de têtes.
Son fils Henri travaille longtemps avec lui, et en 1922, ce dernier cède sa ferme à son neveu par alliance, Henri Lemetais. Celui-ci crée à Etrépagny la coopérative agricole du Vexin normand en 1934, le silo à grains démoli en janvier 2012 portait d'ailleurs son nom.
En 1908, 230 personnes, dont 150 saisonniers travaillaient à la ferme Doré. En 1997, seuls huit permanents sont répartis sur les quatre exploitations de Gamaches, dont trois sont issues de la lignée Doré.
Vieux château - Plan du XVIIIè
La ferme de Chailly au début du siècle
Nos plus vifs remerciements à Michel Levé † et Claude Clérembaux †, historiens locaux, pour les informations et documents
qu'ils nous ont confiés et qui ont contribué à la rédaction de cet historique de Gamaches-en-Vexin.